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Date de création : 24.01.2011
Dernière mise à jour : 25.10.2017
828 articles


Poésie - Jacques Prévert

BARBARA

Publié le 04/09/2011 à 12:37 par escapadeautomnale
BARBARA

 

 

 

BARBARA

 

 

Rappelle-toi Barbara

Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là

Et tu marchais souriante

Epanouie ravie ruisselante

Sous la pluie

Rappelle-toi Barbara

Il pleuvait sans cesse sur Brest

Et je t'ai croisée rue de Siam

Tu souriais

Et moi je souriais de même

Rappelle-toi Barbara

Toi que je ne connaissais pas

Toi qui ne me connaissais pas

Rappelle-toi

Rappelle-toi quand même ce jour-là

N'oublie pas

Un homme sous un porche s'abritait

Et il a crié ton nom

Barbara

Et tu as couru vers lui sous la pluie

Ruisselante ravie épanouie

Et tu t'es jetée dans ses bras

Rappelle-toi cela Barbara

Et ne m'en veux pas si je te tutoie

Je dis tu à tous ceux que j'aime

Même si je ne les ai vus qu'une seule fois

Je dis tu à tous ceux qui s'aiment

Même si je ne les connais pas

Rappelle-toi Barbara

N'oublie pas

Cette pluie sage et heureuse

Sur ton visage heureux

Sur cette ville heureuse

Cette pluie sur la mer

Sur l'arsenal

Sur le bateau d'Ouessant

Oh Barbara

Quelle connerie la guerre

Qu'es-tu devenue maintenant

Sous cette pluie de fer

De feu d'acier de sang

Et celui qui te serrait dans ses bras

Amoureusement

Est-il mort disparu ou bien encore vivant

Oh Barbara

Il pleut sans cesse sur Brest

Comme il pleuvait avant

Mais ce n'est plus pareil et tout est abîmé

C'est une pluie de deuil terrible et désolée

Ce n'est même plus l'orage

De fer d'acier de sang

Tout simplement des nuages

Qui crèvent comme des chiens

Des chiens qui disparaissent

Au fil de l'eau sur Brest

Et vont pourrir au loin

Au loin très loin de Brest

Dont il ne reste rien.

 

 

Jacques Prévert

 

 

Interprétation : Serge Reggiani

 

 

 

LE RETOUR AU PAYS

Publié le 03/08/2011 à 15:24 par escapadeautomnale
LE RETOUR AU PAYS

Hervé Inisan - Le pont Médard à Quimper (aquarelle)

http://www.breizhoo.fr/culture/peinture/peintre.php?id=3f4a9328f998364c9ef62d378a09d468&expression=Hervé Inisan

 

 

LE RETOUR AU PAYS

 

C'est un Breton qui revient au pays natal

Après avoir fait plusieurs mauvais coups

Il se promène devant les fabriques à Douarnenez

Il ne reconnaît personne

Personne ne le reconnaît

Il est très triste.

Il entre dans une crêperie pour manger des crêpes

Mais il ne peut pas en manger

Il a quelque chose qui les empêche de passer

Il paye

Il sort

Il allume une cigarette

Mais il ne peut pas la fumer.

Il y a quelque chose dans sa tête

Quelque chose de mauvais

Il est de plus en plus triste

Et soudain il se met à se souvenir :

Quelqu'un lui a dit quand il était petit

"Tu finiras sur l'échafaud"

Et pendant des années

Il n'a jamais osé rien faire

Pas même traverser la rue

Pas même partir sur la mer

Rien absolument rien.

Il se souvient.

Celui qui avait tout prédit c'est l'oncle Grésillard

L'oncle Grésillard qui portait malheur à tout le monde

La vache !

Et le Breton pense à sa soeur

Qui travaille à Vaugirard

A son frère mort à la guerre

Pense à toutes les choses qu'il a vues

Toutes les choses qu'il a faites.

La tristesse se serre contre lui

Il essaie une nouvelle fois

D'allumer une cigarette

Mais il n'a pas envie de fumer

Alors il décide d'aller voir l'oncle Grésillard

Il y va

Il ouvre la porte

L'oncle ne le reconnaît pas

Mais lui le reconnaît

Et il lui dit :

"Bonjour oncle Grésillard"

Et puis il lui tord le cou.

Et il finit sur l'échafaud à Quimper

Après avoir mangé deux douzaines de crêpes

Et fumé une cigarette.

 

 

Jacques Prévert

 

 

 

C'EST L'ETE...

Publié le 31/07/2011 à 14:41 par escapadeautomnale
C'EST L'ETE...

Geo Fourrier (1868/1966)- Saint-Pierre Penmarc'h - Aquarelle

http://geo-fourrier.skyrock.com/

 

 

C'est l'été

 

C'est l'été, de jeunes garçons, des enfants, font le tour des alignements de Carnac en racontant aux touristes le mystère des pierres levées.

 

Bien sûr, ils ont appris cela par coeur, mais leur voix monocorde et chantante garde le charme secret du rêve éveillé, comme s'ils y croyaient, comme s'ils y étaient.

 

Le même charme que celui des petites filles qui vendent les colliers de coquillages au pied du phare d'Eckmühl, ou qui disent, devant les rochers de Saint-Guénolé, la triste histoire d'un préfet ou d'un sous-préfet emporté par une lame de fond, avec sa petite famille, un jour de grande marée.

 

La Bretagne, la poésie, c'est le même pays, celui de Sévy Valner qui ressemble à ces enfants.

 

Est-il poète simplement parce qu'il est jeune ou surtout parce qu'il est Breton ?

 

Sans l'avoir entendue, il a déjà répondu à la question.

 

"Il suffit peut-être de le demander à la nuit, quand elle se drape d'un linceul vert-de-gris et parle à travers l'oubli."

 

 

Jacques Prévert

 

 

 

 

POUR TOI, MON AMOUR

Publié le 26/07/2011 à 13:55 par escapadeautomnale
POUR TOI, MON AMOUR

Jacques Prévert

 

 

 POUR TOI, MON AMOUR

 

Je suis allé au marché aux oiseaux

Et j'ai acheté des oiseaux,

Pour toi, mon amour.

 

 

Je suis allé au marché aux fleurs

Et j'ai acheté des fleurs,

Pour toi, mon amour.

 

 

Je suis allé au marché à la ferraille

Et j'ai acheté des chaînes,

De lourdes chaînes,

Pour toi, mon amour.

 

 

Et puis, je suis allé au marché aux esclaves

Et je t'ai cherchée.

Mais je ne t'ai pas trouvée,

Mon amour.

 

 

Jacques Prévert

 

 

Récitant : Gilles-Claude Thériault