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j’ai egalement le souvenir du petit train … interlude
Par Anonyme, le 10.10.2025
c'est bien
Par Anonyme, le 28.02.2025
wow
Par Anonyme, le 28.02.2025
magnifique chanson que je n'avais jamais entendu bravo mireille et bravo à notre regretté jean-marie gros biso
Par patricia93, le 08.02.2025
bien
Par Anonyme, le 20.01.2025
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Date de création : 24.01.2011
Dernière mise à jour :
25.10.2017
828 articles
Anna de Noailles évoque
COLETTE
Plus tard fit irruption un écrivain longtemps voilé, qui, de son beau visage aigu de renard déchiré à tous les buissons aromatiques, troua la trompeuse dentelle appliquée sur tant de force acérée. Et l’on vit apparaître, lasse de dissimulation, provocante, effrontée, sûre de soi, paisible aussi comme Cybèle, énigmatique comme la déesse africaine, chatte et tigre, Colette, aux yeux de puissante naïade avisée. Ce nom délicat, naïf, jusqu’alors porté par des jeunes filles qui suggéraient la vision de leur pensionnat distingué, de leurs fiançailles élégantes ou contraintes, devint, dans sa brièveté, sa solitude dominatrice, un cabochon démesuré et sans fêlures, auprès de quoi pâlirent toutes les pierres taillées, lui dédiant spontanément leurs faisceaux de lueurs.
Je ne décrirai pas ici le génie de Colette ; autorisez-la à faire usage d’un dictionnaire entier, elle y creusera son gîte, produira par jaillissement et avec labeur, dit-elle, une œuvre succulente, sanguine, végétale, où tous les vocables sembleront avoir été raflés et distribués sans pourtant que nulle adjonction vienne alourdir un récit qui se réclame de la vie et de la nécessité. Ne lui accordez plus que l’emploi de quelques adjectifs. Colette les disposera d’une main si habile à construire, que le monde viendra se refléter en eux, y installer avec une loyale astuce ses opulents bagages immenses et réduits. Colette, dès qu’elle écrit, penchant sur son travail la masse légère et brève de ses cheveux d’un blond mauve, pareils à un plant de violettes de Parme, sait fonder une contrée, élever des villes, susciter la mer et le ciel variés. A l’égal du Nil déifié, elle rend fertile et vivace le feuillet aride, fait croître des récits envahissants, tentateurs et redoutables pour leur active présence. Mais deux lignes d’elle dans un journal éphémère ont le pouvoir de décrire une représentation d’Hamlet ou la pyramide de stoïques et anxieux équilibristes, dont les muscles domptés peinent sous les projecteurs aveuglants du cirque, comme dans les tableaux fameux d’un Toulouse-Lautrec et d’un Degas.
Marie de Heredia (Gérard d’Houville), dont le trio d’étoiles se posait, comme les étincelles d’une nonchalante fusée au bas des stances les plus harmonieuses, exalta mon esprit dès notre extrême jeunesse. Colette, univers concentré, scène du monde que piétinent les passions, « l’une portant son masque et l’autre son couteau », voilà les deux dryades pensives dont j’eusse voulu découvrir les secrets et les dérober. Dès que je connus l’une, et puis l’autre, je cessai d’être curieuse du laboratoire de leur génie et, sans réfléchir à ce que nous avions de pareil ou de dissemblable, je choisis de les aimer.
Anna de Noailles
Le livre de ma vie