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j’ai egalement le souvenir du petit train … interlude
Par Anonyme, le 10.10.2025
c'est bien
Par Anonyme, le 28.02.2025
wow
Par Anonyme, le 28.02.2025
magnifique chanson que je n'avais jamais entendu bravo mireille et bravo à notre regretté jean-marie gros biso
Par patricia93, le 08.02.2025
bien
Par Anonyme, le 20.01.2025
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Date de création : 24.01.2011
Dernière mise à jour :
25.10.2017
828 articles
Eugène Delacroix - George Sand et Frédéric Chopin
GEORGES SAND ET FREDERIC CHOPIN
1836 - La rencontre
En cet automne 1836, il a fallu que Liszt, leur ami commun, insiste longtemps pour que Chopin participe chez Marie d’Agoult à une de leurs habituelles soirées musicales.
Charlotte Marliani, l’épouse du consul d’Espagne en France, habituée du salon de Marie, est sans doute une de ces nombreuses personnes qui ont déjà parlé à George Sand du talent exceptionnel du jeune exilé polonais.
… « On le traitait en prince »…
A trente-deux ans, la romancière se croit apte à vivre avec des hommes « sans penser qu’elle est femme » et se trouve « confuse et consternée » d’être immédiatement attirée par le musicien. Elle remarque les belles mains aux doigts effilés, la minceur, l’élégance, la fragilité émouvante, le visage tourmenté de celui dont Liszt dit : « la finesse et la transparence de son teint séduisaient l’œil ; ses cheveux blonds étaient soyeux, son nez légèrement recourbé, ses allures distinguées et ses manières marquées de tant d’aristocratie qu’involontairement on le traitait en prince ». Lui-même écrit avec une certaine lucidité : « si j’étais plus sot que je ne suis, je me croirais à l’apogée de ma carrière », tant il est adulé et recherché dans tous les salons pour sa virtuosité de pianiste, son talent à improviser et sa conversation d’homme raffiné et spirituel.
De Pologne, ses parents suivent l’évolution de ses succès, s’inquiétant toutefois de la santé de leur enfant qu’ils savent fragile. Ayant déjà perdu une de leurs filles, ils sont anxieux à l’idée que leur Frycek puisse prendre froid au cours de ces longues soirées mondaines. Mais si son père lui conseille, comme toujours de « garder une poire pour la soif », il se montre heureux qu’il ait fait « de nouvelles connaissances parmi les personnes distinguées ». « Les magnifiques comtesses » et « les délicieuses marquises » se disputent les leçons de ce pédagogue exigeant aux colères pourtant bien connues. C’est le professeur le plus cher de la capitale et il peut mener grand train sans être obligé de donner ces concerts pour lesquels il a déjà tant de répugnance.
Improviser pour un petit cercle d’amis lui conviendra toujours mieux que de se produire dans le large public qui l’avait applaudi dans son pays et avait fait sa renommée dans plusieurs capitales étrangères. Il a été salué en virtuose à Berlin, Vienne, Munich ou Aix-la-Chapelle à l’époque où il arrive à Paris. Ce 11 septembre 1831, il est encore bouleversé par la nouvelle apprise à Stuttgart : Varsovie, la ville qu’il a quittée voici un an après un dernier concert, est tombée aux mains des troupes du Tsar et il sait qu’il n’y retournera jamais.
… « Très belle quoique pas à première vue »… Musset
Avant sa rencontre avec George Sand, Chopin est déjà riche d’une œuvre importante puisqu’on connaît plusieurs de ses Polonaises et Mazurkas, des Valses, deux Concertos et des Impromptus, des Nocturnes et les vingt-quatre Etudes dont Liszt fut l’inoubliable interprète.
Quant à George Sand, son nom est fameux depuis la parution d’Indiana où elle évoque la frustration des femmes dans leurs rapports avec les hommes, maris et amants, de Valentine et surtout de Lélia en juillet 1833.
Ce roman, plus qu’un livre, est un « cri de douleur » contenant « tout excepté du calme » ; il a fait grand bruit dans les cercles littéraires. S’il est admiré par certains, comme Chateaubriand et Musset, d’autres le trouvent infâme, et Capo de Feuillide, dans l’Europe Littéraire, donnait ce conseil : « Le jour où vous ouvrirez Lélia, renfermez-vous dans votre cabinet pour ne contaminer personne ».
George Sand, qui s’était déclarée elle-même enfin libre après la récente conclusion de sa séparation d’avec Casimir Dudevant en juillet 1836, est donc, en même temps qu’un écrivain reconnu, une femme indépendante, assez célèbre pour s’affirmer socialement et commencer à réaliser ce que Joseph Barry nommera « le scandale de la liberté ».
Chopin la trouve immédiatement antipathique tant elle est différente, jusque dans sa réserve, des jeunes aristocrates, ses élèves. Il ne retrouve en elle aucun des traits de Constance Gladkowska, l’idéal de ses vingt ans, qui avait chanté à l’un de ses concerts « habillée tout de blanc, la tête couronnée de roses ». Même si ce soir-là George Sand a abandonné le costume masculin qu’elle porte souvent et son habituel cigare, elle n’a rien non plus de commun avec la petite comtesse Maria Wodzinska qui vient de rompre ses fiançailles avec Chopin pour plaire à ses parents. Aurore devenue George Sand, est pourtant belle avec sa peau mate et son épaisse chevelure sombre, ses yeux de velours noir « formés comme les yeux modèles des mystiques et des plus magnifiques têtes italiennes », d’après Alfred de Vigny. « Très belle quoique pas à première vue », avait dit Alfred de Musset au fameux dîner qui préluda, en juin 1833, à leur orageuse liaison.
Mais peut-être est-elle, là encore, « embarrassée et silencieuse » comme l’avait noté Sainte-Beuve après qu’elle l’eut prié de lui « amener Dumas » en lui précisant : « venez avec lui la première fois car ces premières fois me sont toujours fatales ».
Il se trouve justement qu’après cette soirée chez Marie d’Agoult, Chopin écrit à ses parents qu’il a fait la connaissance « d’une grande célébrité : Madame Dudevant », ajoutant : « son visage ne m’est pas sympathique et ne m’a pas plu du tout. Il y a même en elle quelque chose qui m’éloigne ».
Un peu plus tard, une lettre datée du 13 décembre de la même année indique, sans autre commentaire : « Je reçois aujourd’hui quelques personnes, entre autres Madame Sand ».
1837/1838 - Les liens
Entre ces deux êtres que Madame d’Agoult jugeait « antipodiques », les liens furent ainsi longs à se nouer et il y eut toute une période où furent dits « beaucoup de oui, de non, de si, de mais ». Ils se virent fréquemment dans des réceptions intimes, soit chez le musicien, soit dans les salons, bien avant ce mois de mai 1838 où, dans les tête-à-tête, ils s’étaient « livrés au vent qui passait » et qui les avait « emportés tous deux dans une autre région pour quelques instants ».
George Sand ignore encore la rupture des fiançailles de Marie Wodzinska et de Chopin qui, de son côté, semble craindre « le dernier embrassement de l’amour » mais avoue que son cœur est pris.
En février Liszt confie à Marie d’Agoult le désir de leur ami d’aller à Nohant : « il en parle toujours ». Chopin avait fini par ressentir le désir, la curiosité, de répondre aux invitations que cette femme attachante lui adressait indirectement dans sa correspondance avec Marie.
Elle les répétera par un appel prudent dans sa lettre à l’ami Albert Grzymala de mai 1838 ; lettre fameuse où en quelque quatre mille mots, elle parle de leur «petit » qui « viendra s’il veut » à Nohant.
A ce moment, si elle s’interroge encore sur Chopin, elle ose nommer « amour » le trouble ressenti lors de leur première rencontre. Elle est pour l’instant fidèle à son compagnon, Félicien Mallefille, venu voici plus d’un an à Nohant comme précepteur de Maurice.
Mais elle est obligée de lui cacher sa nouvelle indifférence, suivant ainsi l’exemple des autres femmes qu’elle a tant blâmées. Elle peine à supporter les caresses de celui qu’elle dit aimer calmement, comme un « mari », alors qu’elle attend de son « ange » qu’il ne craigne plus, par « certains faits », de gâter leur amour.
Etaient-ils déjà amants lorsque Delacroix, pendant l’été de 1838, commença la célèbre toile qui réunit si fortement le maître au piano et la jeune femme comme envoûtée par la musique ?
Sylvie Delaigue-Moins
« Chopin chez George Sand - Sept étés à Nohant"
Editeur Christian Pirot