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j’ai egalement le souvenir du petit train … interlude
Par Anonyme, le 10.10.2025
c'est bien
Par Anonyme, le 28.02.2025
wow
Par Anonyme, le 28.02.2025
magnifique chanson que je n'avais jamais entendu bravo mireille et bravo à notre regretté jean-marie gros biso
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Date de création : 24.01.2011
Dernière mise à jour :
25.10.2017
828 articles
George Sand et Alfred de Musset
UN INCESTE IMAGINAIRE
(nuit du 28 au 29 juillet 1833)
Tu t’étais trompée, tu t’es crue ma maîtresse, tu n’étais que ma mère ; (…) c’est un inceste que nous commettions.
Musset à Sand, le 4 avril 1834
Tu as raison, notre embrassement était un inceste, mais nous ne le savions pas.
Sand à Musset, le 15 avril 1834
George se laisse prendre aux pièges du quotidien. Elle se promet d’être bonne mère, bonne fille, bon écrivain et considère sa vie sentimentale comme finie. Elle en prévient le seul homme qui ne puisse pas passer pour son amant, un ami véritable, son Pylade, François Rollinat, avocat à Châteauroux. Le 20 mai 1833, elle épanche son cœur dans cette « âme d’élite » : « Mon cœur a vieilli de vingt ans et rien dans la vie ne me sourit plus. Il n’est plus pour moi de passions profondes, plus de joies vives. Tout est dit. J’ai doublé le cap. Je suis au port. »
Un mois après, George Sand est prête à quitter ce port, toutes voiles dehors. Un mois après cette déclaration de retraite sentimentale, George Sand rencontre Alfred de Musset, à la mi-juin, à un dîner qui réunit les collaborateurs de la Revue des Deux Mondes.
A ce dîner très littéraire, Alfred de Musset et George Sand, qui voisinent, ne sont que deux auteurs en vogue se faisant des grâces. Le premier parle, la seconde écoute. Alfred passe pour l’un des plus brillants causeurs de Paris. George n’a pas de conversation, elle s’est suffisamment plainte de ce manque. Le bavard et la muette se quittent enchantés l’un de l’autre. Il a parlé, elle a écouté. Dans la nuit qui suit, Musset lit Indiana et écrit des vers intitulés « Après la lecture d’Indiana » :
Sand, quand tu l’écrivais, où donc l’avais-tu vue,
Cette scène terrible où Noun, à demi nue,
Sur le lit d’Indiana s’enivre avec Raymon ?
(…)
Ces plaisirs sans bonheur, si pleins d’un vide immense,
As-tu rêvé cela, George, ou t’en souviens-tu ?
Ce sont les premiers vers inspirés par Sand à Musset. Sand y répond, le 24 juin. D’autres suivront. Sand y répond par une lettre. D’autres suivront encore, qui se terminent par cette sévère invitation :
« Si dans un jour de fatigue et de dégoût de la vie active, sous étiez tenté d’entrer dans la cellule d’une recluse, vous y seriez reçue avec reconnaissance et cordialité. »
Voilà qui sent la pose, et la pose d’écrivain. Car, dans cette liaison qui a fait couler tant d’encre, il ne faut jamais oublier que ces amours sont des amours d’écrivains. Poèmes et lettres sont les seuls enfants qu’ils auront et qu’ils seront conscients d’offrir à la postérité. Au paroxysme de leur passion, ils n’oublient pas ce qu’ils sont exactement, lui, l’auteur des Contes d’Espagne et d’Italie, de Namouna et d’A quoi rêvent les jeunes filles, et elle, l’auteur d’Indiana et de cette Lélia dont la parution partielle, dans la Revue des Deux Mondes, suscite mille et une rumeurs.
Elle a vingt-neuf ans. Il en a vingt-trois. Enfant chéri des Muses et des dames, grisettes ou duchesses, il est amateur d’Andalouses au sein bruni, d’alcool et d’opium. Si George peut passer pour une Andalouse, elle préfère le lait à l’alcool et sa seule drogue est l’encre de son encrier. Il est dans tout l’éclat de sa récente célébrité. Il est blond. Elle est brune. Il n’ignore rien de la débauche, ni de ses raffinements. Elle manque d’expérience, et les partenaires qu’elle a eus, Casimir, Stéphane, Jules, ne sont pas des adeptes des plaisirs compliqués. Il se fatigue « à jouir de tout, vite et sans réflexion ». Elle a besoin de lenteur et de réflexion pour savourer sa jouissance. Comme Sandeau, Musset n’est pas un bourreau de travail. Sand, qui sait que travail rime avec argent et indépendance, pond sa copie avec une scrupuleuse, une quotidienne régularité. Musset est la fantaisie même, il est Fantasio, il se moque de tout. Elle prend tout au sérieux. Bref, Alfred de Musset et George Sand sont la preuve même que les contraires s’attirent. Il admire sa prose. Elle admire ses vers.
Après avoir lu Indiana, Alfred lit Lélia sur épreuves. Il éprouve pour Lélia autant d’enthousiasme que pour Indiana. « Il y a dans Lélia des vingtaines de pages qui vont droit au cœur (…) Vous voilà George Sand ; autrement vous eussiez été Mme Unetelle faisant des livres. »
Bien qu’il l’appelle cérémonieusement « madame », il aspire à une camaraderie « sans conséquence et sans droits, par conséquent sans jalousie et sans brouilles ». Il ne revendique que le droit de fumer le tabac de George et de se promener en sa compagnie. Marché conclu. Ils fument et se promènent ensemble. Le 26 juillet, abandonnant le « madame », il écrit à sa camarade : « Mon cher George, j’ai quelque chose de bête et de ridicule à vous dire. (…) Je suis amoureux de vous. Je le suis depuis le premier jour où j’ai été chez vous. J’ai cru que je m’en guérirai tout simplement en vous voyant à titre d’ami. » Le 27 juillet, il revient à la charge avec l’un de ces arguments auxquels George est incapable de résister : « Plaignez-moi. ». A lire cette lettre du 27, Alfred est une victime que George doit plaindre, un prisonnier qu’elle doit délivrer. Il termine sa missive par un : « Adieu, George, je vous aime comme un enfant. »
George ne peut être qu’attendrie par les plaintes de cet enfant et accorder le rendez-vous qu’Alfred sollicite dans une lettre du 28, pour ce même 28, à minuit. C’est donc dans la nuit du 28 au 29 juillet 1833 que George succombe à la jeunesse et aux larmes d’Alfred : « Sans ta jeunesse et la faiblesse que tes larmes m’ont causée, un matin, nous serions restés frère et sœur. » Il est jeune et il pleure. Elle se croit vieille et croit n’avoir plus de larmes. Ils devaient rester frère et sœur, ils cèdent aux emportements d’un inceste imaginaire. George est persuadée d’avoir cédé par affection plus que par amour.
Le 31 juillet, Lélia paraît en librairie, et début août, la chaleur écrasant Paris, les deux amants vont à Fontainebleau chercher un peu de fraîcheur, et d’isolement. Ils descendent à l’hôtel Britannique, rue de France, à une heure de marche des rochers de Franchard.
Les rochers de Franchard, les arbres de la forêt, le clair de lune, tout porte le couple à une perfection d’exaltation qui sera gâtée par une crise d’hallucinations jetant Alfred à terre. Il a vu un spectre passer dans les bruyères, il a eu peur. George n’a rien vu que la peur de son amant.
Délivré de son hallucination, Alfred en plaisante, la dessine et, sous sa propre caricature, inscrit : « Perdu dans la forêt et dans l’esprit de sa maîtresse ». Et, sous la caricature de George : « Le cœur aussi déchiré que sa robe. » George n’a pourtant pas le cœur à plaisanter. Elle est inquiète. Si Alfred était vraiment à plaindre ? Et si George était aussi à plaindre d’avoir un amant sujet à de telles crises ? Questions sans réponse, ou qui trouvent une facile solution dans les étreintes assez folles pour éloigner le spectre de la folie.
Pendant ce temps, à Paris, Lélia fait grand bruit. Le récit des ténébreuses amours de Lélia avec le poète Stenio provoque un scandale. Un journaliste, Capo de Feuillide, donne le ton : « Le jour où vous ouvrirez Lélia, renfermez-vous dans votre cabinet (pour ne contaminer personne). Si vous avez une fille dont vous voulez que l’âme reste vierge et naïve, envoyez-la aux champs avec ses compagnes. » Le Figaro, où Latouche n’est plus pour protéger George Sand, attaque à son tour. Dans la Revue des Deux Mondes, Gustave Planche riposte par un éloge de Lélia et veut se battre en duel avec Capo de Feuillide. On parle partout du « criminel auteur » de cette Lélia dont George Sand donne les clés à son ami Rollinat : « Quelques uns diront que je suis Lélia, mais d’autres pourraient se souvenir que je fus jadis Stenio. »
La romancière revendique le droit d’être tous les personnages de son roman, et non pas seulement son héroïne, cette Lélia qui, pour la première fois, ose dire tout haut ce que les femmes pensent tout bas, à savoir que les étreintes des mâles peuvent laisser de marbre celles qui les subissent. De cette frigidité avouée de Lélia, on a accusé Sand qui, elle, n’a connu que des accès de passagère impuissance à atteindre le plaisir. Une telle sincérité provoque un concert d’insultes qu’interrompent quelques bénédictions inattendues, comme celles de Chateaubriand, qui prédit à l’auteur de Lélia qu’elle sera « le lord Byron de la France ».
Le 25 août 1833, Sand écrit à Sainte-Beuve, que Musset surnomme Sainte-Bévue : « Je suis très insultée comme vous savez, et j’y suis fort indifférente. » Ce n’est pas pour évoquer cette indifférence aux insultes qu’elle écrit à son confident parisien, mais pour lui annoncer sa nouvelle passion : « Je me suis énamourée et cette fois très sérieusement d’Alfred de Musset (…). C’est un amour de jeune homme et une amitié de camarade. » Casimir Dudevant ne savait pas qu’en offrant à Aurore Dupin l’amour en camarade il allait faire école et que, par la suite, Aurore considérerait l’amour comme une camaraderie incandescente… C’est à M. Dudevant que Mme Dudevant annonce, le plus naturellement du monde, qu’elle part en Italie… pour y soigner ses rhumatismes !
Elle laisse en pension Maurice qui s’y « porte bien », et renvoie à Nohant Solange qui en est « enchantée ». Solange, qui a cinq ans, n’est plus « bête comme une oie », et n’est peut-être pas aussi «enchantée » que le prétend sa mère. Estimant avoir ainsi accompli ses devoirs envers sa famille, George peut se consacrer entièrement à son nouvel enfant : Alfred.
On aura compris que Sand ne part pas en Italie pour y soigner ses rhumatismes, mais s’en va avec Musset à Venise, dans l’espoir que cette ville apportera à leur passion un supplément d’exotisme, et à leur œuvre, une nouvelle source d’inspiration. Elle mène l’expédition italienne tambour battant, comme son ancêtre, le maréchal de Saxe, devait conduire ses campagnes. Elle finance cette expédition en vendant à son éditeur, François Buloz, Metella et le Secrétaire intime. Elle obtient une avance sur Jacques, un roman qu’elle promet de livrer en mai 1834. Elle obtient aussi le consentement de la mère de Musset, très réticente à cette escapade, en l’assurant qu’elle aura pour Alfred « une affection et des soins maternels ». Le 12 décembre 1833, elle prend place dans la malle-poste qui la conduira, avec Alfred, jusqu’à Lyon. Tous les obstacles familiaux et financiers ayant été vaincus, George peut s’accorder un soupir de soulagement.
Jean Chalon
« Chère George Sand »
Biographies Historiques - Flammarion
Elle faisait des "escapades" cette George...
Amitiés
J L
http://youtube+lucasjl.centerblog.net
Elle avait bien raison, cette George ! Cela étant, elle a commencé de bonne heure à soigner ses rhumatismes ! Peut-être que toi aussi, Jean-Louis...
Automnale
http://escapadeautomnale.centerblog.net
Mais je n'ai pas de rhumatismes ,à 25 ans ...quelle idée as-tu là !
Si tu parles des escapades (poétiques ou autres)oui oh oui !
Amicalement J L
http://youtube+lucasjl.centerblog.net
Il faudra donc, mon cher Jean-Louis, que tu nous racontes, s'il te plaît, toutes tes escapades... J'ai bien précisé "toutes"... Quant aux rhumatismes, évidemment, à 25 ans... Pardonne-moi ! Mais bon, Georges avait à peine 30 ans lorsqu'elle prétendait aller soigner ses rhumatismes à Venise... Au retour de son voyage - complètement raté - elle devait souffrir bien davantage ! Méfions-nous de Venise la belle !
Automnale
http://escapadeautomnale.centerblog.net
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